Le constructeur Renault vient de présenter, au dernier salon de Genève, la toute nouvelle Renault 5 E-Tech, un véhicule 100% électrique profondément inspiré de la mythique Renault 5, apparue en 1972.
A cette occasion, nous avons rencontré Gilles Vidal, directeur design Renault, pour mettre en exergue les éléments stylistiques les plus marquants de ce modèle.
Autonews : Quelles sont les spécificités stylistiques de la nouvelle Renault 5 E-Tech Electric ?
Gilles Vidal : L’idée était d’essayer de réactiver l’esprit de la Renault originale, en prenant des ingrédients, des détails, de la version apparue en 1972, mais aussi de la Super 5 et de la Turbo. Nous avons donc fait notre «Shopping», notamment pour ce qui est des phares, les feux arrière, les épaulements de la Turbo… C’est de ces détails que les gens se rappellent. Nous avons activé cela et nous avons créé un design qui soit très moderne. A aucun moment, nous avons voulu faire quelque chose de vintage ou nostalgique. Mais, nous avons exécuté cela d’une manière très moderne, très futuriste. Il n’y a donc pas de détails qui sentent le vintage. L’idée était de pouvoir résonner avec les générations qui ont connu l’ancienne R5. Quand nous nous sommes posés la question avec les équipes chargées du design, les jeunes générations peut-être ne s’intéressent pas du tout aux voitures anciennes. Mais il faut que ça puisse leur plaire : pour ce qu’elle est, pour ce qu’elle représente. C’était ça la recette que nous avons voulu activer.
Autonews : Vous annoncez que la R5 E-Tech n’est ni nostalgique, ni vintage, pour autant cette voiture est presque un revival. Comment expliquez-vous cette contradiction ?
G.V. : En fait, cette opposition d’idée est faite exprès. Ma génération, pour ceux qui ont appris à conduire dans une Renault 5, cela va éveiller des souvenirs, de l’émotionnel pour eux. Effectivement, il y aura un côté nostalgique pour ces gens-là. Mais en même temps, c’est une voiture extrêmement moderne, et c’est là où les jeunes générations ne vont rien voir de vintage dans cette voiture. Cela va donc évoquer quelque chose pour nous.
Si on fait des cadrages serrés n’importe où sur l’intérieur et l’extérieur de cette voiture, à aucun moment on va voir quelque chose de vintage. Mais on va voir des sections, des formes, des surfaces, des graphismes modernes. Ben sûr, c’est un exercice rétro-futuriste. Je pense à une concurrente italienne, qui essaie d’être vintage, et ça lui va très, très bien. Mais nous, nous avons une démarche tout à fait différente, où nous nous projetons dans le futur. Nous assumons tout à fait cette contradiction, qui est même cultivée, en fait.
Autonews : Comment la nouvelle R5 s’inscrit-elle dans le développement durable ?
G. V. : Partout, au niveau des matériaux recyclés, comme les aciers, les aluminiums, les plastiques, les textiles… Nous avons essayé de pousser au maximum ce qui était faisable dans l’industrie, de ce point de vue-là. Pour ce qui est des textiles, c’est peut-être 100% recyclé et sur certains plastiques, on peut aller de 25% à 30% de matière recyclée. Mais ça va bien au-delà des matériaux recyclés ou de la «recyclabilité» de la voiture à la fin; car nous avons travaillé aussi sur toute la logistique autour de la voiture. D’un autre côté, la majorité de nos sous-traitants sont à moins de 300 km de notre usine de Douai, ce qui réduit le coût environnemental de la logistique. Et ça, c’est un effort que le client ne verra pas. Mais l’effort de notre entreprise, c’est le gain sur le plan de l’optimisation environnementale qui est énorme. On peut donc dire que nous jouons sur tous les leviers imaginables, visibles ou non visibles par le client, pour améliorer le bilan carbone.
Autonews : Comment la Renault 5 parvient-elle à concilier l’esprit fun et les performances aérodynamiques ?
G.V. : C’est un grand challenge pour les petites voitures, surtout l’aérodynamisme. Nous devons donc tendre vers l’aérodynamique le meilleur possible pour une voiture électrique, ce qui est vrai également pour les voitures thermiques. Mais c’est une question d’autonomie, du nombre de kilomètre en plus que l’on peut faire. Nous avons donc travaillé particulièrement toute la partie arrière, parce que la Renault 5 a des coins ronds. Si nous appliquons les meilleures solutions aérodynamiques modernes telles quelles, tout va être très acéré à l’arrière, ce ne sera plus une Renault 5. Le challenge pour nous était d’avoir des coins très arrondis pour rester dans le vrai esprit de la R5, et d’activer des solutions aérodynamiques «non visibles» un peu partout.
Au niveau du becquet, par exemple, nous avons travaillé toutes les formes, avec des petites «blade» verticales juste au-dessous de la ligne rouge. Mais aussi sur toute la hauteur des feux arrière où on a une lame verticale qui améliore l’aérodynamisme, et qu’on ne voit pas tant que ça. Les roues également, qui sont celles du concept car que nous avons montré il y a trois ans, nous les avons optimisées avec un design plus aérodynamique.
Si je fais l’addition des efforts sur la partie arrière, on a gagné (8 km, plus 6 km, plus 8 km) d’autonomie. Évidemment, c’est un effort qui compte beaucoup pour le client.
Autonews : Le centre de gravité situé un peu bas, a-t-il influencé le design de la nouvelle R5 ?
G. V. : L’intérêt du centre de gravité bas est surtout intéressant pour le comportement routier. Le fait d’avoir des batteries dans le plancher, ça fait naturellement une voiture plus épaisse. Le challenge était que la Renault 5, en tant que petite voiture, il ne fallait pas qu’elle devienne une grosse voiture. Nous avons réussi à la faire très courte (3,92 m), très contenue en hauteur, et tout de même habitable. Ça se joue partout au millimètre sur chaque strate à l’horizontal, nous essayons d’optimiser tout pour préserver le look et l’habitabilité. Dès que vous aurez l’occasion de la conduire, vous allez trouver que c’est un petit karting, super, marrant à conduire, assez confortable quand même.