Takaful devrait enrichir le marché des assurances avec de nouvelles offres ciblant une certaine clientèle. Le projet a pris un certain temps pour trouver un terrain d’entente entre les opérateurs du secteur et la tutelle. La formule présente plusieurs avantages ayant trait à son mode de fonctionnement. Toutefois, elle est confrontée à certaines contraintes.
Le projet Takaful, ou l’assurance participative, relève du parcours du combattant. En effet, la loi dédiée a été adoptée en août 2019 mais pour être mise en application, des décrets d’application devaient sortir. Pour être conforme à la charia et répondre aux exigences du secteur sur le plan technique, un défi de taille s’est imposé. Sur recommandations du Conseil supérieur des oulémas (CSO), le cadre initial de Takaful a été revu. Il fallait une séparation totale entre le fonds doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière et celui de l’opérateur gestionnaire. Il était question également d’amender le plan comptable des assurances pour l’adapter au référentiel Takaful.
Plusieurs compagnies ont manifesté leur intérêt à investir cette nouvelle branche et ont créé des filiales dédiées. Les équipes commerciales et managériales ayant été constituées, elles s’activent pour lancer prochainement des offres.
Dans un premier temps, ce type de couverture concernera trois produits d’assurance (décès-invalidité, multirisque bâtiments et investissement). Il faut encore plus de travail pour lancer une formule dédiée à l’automobile. Les opérateurs ainsi que la tutelle restent prudents, et veulent prendre toutes les dispositions nécessaires avant de finaliser le projet. Les offres et le fonctionnement de ce segment doivent répondre à des critères précis pour garantir sa réussite. Lors de la 6ème édition du Meeting sur l’information financière, organisée le 11 juin par Maroclear, la Bourse de Casablanca et Finances News Hebdo, plus de détails ont été révélés à ce sujet.

«Le projet Takaful a pris beaucoup de temps car nous n’avons pas voulu emprunter un concept pratiqué à l’étranger. Nous avons opté pour un modèle maroco-marocain qui pourra être dynamique et qui sera un benchmark certainement pour la finance participative. Les textes d’application sont dans la phase finale et les entreprises d’assurances sont en cours de création. Les agréments ont été déposés auprès de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). Le marché est demandeur et les besoins deviennent pressants. Si tout se passe bien, d’ici la fin de l’année, les entreprise d’assurances Takaful devront démarrer leur activité», souligne Bachir Baddou, Directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR).
En effet, Takaful vient compléter l’offre de la finance participative. Les organismes du secteur n’avaient pas de produits de couverture contre les différents risques, notamment le décès, à proposer à leurs clients. Ils doivent se contenter d’une couverture classique avec tout ce que cela comporte comme risque pour l’emprunteur. Dans le sillage de l’évolution du marché automobile, Takaful présente des perspectives d’avenir prometteuses.
Il est à rappeler qu’en matière de couverture et d’indemnisation, cette assurance fonctionne quasiment comme une garantie conventionnelle. La gamme comprend une offre basique assimilée à une responsabilité civile, une autre intermédiaire et une dernière de type tous risques.
D’autres garanties figurent au catalogue comme la défense et le recours, le vol, l’incendie, les dommages accidentels, le bris de glace, les effets personnels. L’offre propose également l’assistance et l’accompagnement en cas de sinistre au niveau national et à l’international.
Un principe basé sur la solidarité
Le principe de Takaful est basé selon un schéma bien précis dans lequel un groupe de personnes, dit participants, contribuent mutuellement à un fonds commun (fonds de Takaful) afin d’obtenir une assistance sous forme d’indemnité en cas de sinistre. En effet, le mot Takaful est dérivé de «Kafala» qui veut dire parrainage. De ce fait, Takaful signifie se garantir l’un l’autre (mutuellement) en se basant sur la coopération mutuelle.
Les souscripteurs des contrats apportent les fonds nécessaires à la couverture des risques. Si en fin d’année, très peu de sinistres sont enregistrés, des dividendes seront alors distribués. En cas de perte, il faudra recapitaliser le fonds. Les participants sont en fait les vrais propriétaires du fonds et la compagnie d’assurances ne joue qu’un rôle de gestionnaire. Elle est rémunérée à travers des commissions.