En marge de la visite effectuée à l’usine Stellantis de Kénitra, Florian Huettl, le PDG d’Opel, a accordé à Autonews un entretien dans lequel il a évoqué le positionnement actuel des modèles Opel, mais aussi les perspectives de développement de la gamme, en particulier le vecteur électrique. Tout comme il a parlé du partenariat liant Opel à l’importateur marocain Auto-Hall, plus précisémentsa filiale SMAA (Société marocaine de l’automobile allemande)… Rencontre.
Autonews : Plus diversifiée auparavant, la gamme des véhicules particuliers Opel se limite actuellement à des modèles urbains, une berline compacte et un SUV compact. Quelles sont les perspectives d’expansion de la gamme à moyen et long terme ?
Florian Huettl : Aujourd’hui, la gamme Opel couvre assez largement le marché avec une très bonne offre sur les segments «B» et «C», ainsi que le segment des véhicules utilitaires. Sur le segment «B», nous avons la Corsa, un véhicule qui rencontre beaucoup de succès : elle est première de son segment en Allemagne et au Royaume-Uni. Sur le segment «B», SUV qui est très important et en constante croissance, nous avons la CrossLand et la Mokka, introduite il y a deux ans. La Mokka est un produit particulièrement intéressant parce qu’elle incarne vraiment les valeurs en termes de design, de valeurs germaniques automobile, telles que la tenue de route, la direction, les sièges, l’éclairage. Elle est d’ailleurs classée deuxième de son segment sur le marché marocain.
En 2022, nous avons introduit la toute nouvelle Astra : elle a été développée, designée, fabriquée en Allemagne, à Rüsselsheim, notre siège historique. Ce produit a reçu une réception extrêmement importante et intéressante sur le marché «C». L’Astra a gagné un grand nombre de prix, elle a eu un très fort accueil des clients et de la presse. Au-delà de cela, nous avons la Grandland qui couvre bien le segment «C».
En termes de développement, nous avons déjà annoncé le renouvellement de la Crossland avec une nouvelle offre sur le segment «B» SUV. Nous allons également réintroduire un flagship, c’est-à-dire un vaisseau amiral dans le segment «D». Ce sera la remplaçante de l’Insigna, arrêtée en 2022. Nous essayons donc de couvrir les segments les plus importants du marché avec une offre produit bien ciblée qui répond le mieux aux attentes de nos clients. Au-delà du plan produit, il y a un deuxième axe de développement très fort, qui tourne autour de tout ce qui est électrique. Opel s’est engagée très fortement sur le chemin de l’électrification, des voitures animées à 100% par une batterie électrique. Aujourd’hui, notre offre est déjà large, à commencer avec la Rock-e fabriquée ici au Maroc. En passant par la Corsa et la Mokka qui sont électrifiées, ainsi que la gamme des véhicules utilitaires qui est, elle aussi, électrifiée. Dès 2023, l’Astra sera en version batterie électrique. Vous allez successivement trouver sur le marché de plus en plus de véhicules Opel, qui sont purement électriques avec 0 émission.

Autonews : L’Opel Grandland vient d’être relancée sur le marché national. Quelle est votre stratégie marketing pour booster ses ventes dans un segment très concurrentiel ?
F. H. : La Grandland incarne un certain nombre de beaux avantages produits, dont l’idée est de tirer le meilleur bénéfice sur le marché marocain. Déjà, comme vous le dites, elle est relancée, et c’est important de la faire connaître. Nous avons investi très fortement dans un plan de visibilité et de publicité, pour que le public prenne bien connaissance de cette relance. Comme vous pouvez le voir actuellement, il y a beaucoup de communication autour de la Grandland.
En termes de valeurs produit, elle plaît beaucoup à nos clients par son design, par ses fonctionnalités qui la positionnent bien dans le segment «C» SUV. Mais aussi par ses motorisations.
Autonews : Alors que les voitures hybrides rencontrent beaucoup de succès sur le marché national, le constructeur Opel est complètement absent. Quels sont les obstacles qui vous empêchent de vous positionner sur ce créneau ?
F. H. : 2023 sera une année d’accélération en termes d’électrification sur le marché marocain. A commencer par les versions pluging hybrides pour l’Astra et la Grandland. Ensuite, en termes de véhicules 100% électriques, nous allons commencer très bientôt avec la Rock-e, le petit objet de mobilité urbaine. Et en fin d’année, la Mokka-e sera également proposée. Ainsi, nous irons step-by-step élargir l’offre pour le client marocain.

Autonews : Êtes-vous satisfait des résultats commerciaux de la marque Opel au Maroc, et de votre partenariat avec Auto Hall, le distributeur marocain ?
F. H. : La collaboration entre Opel et Auto Hall a commencé en 2018. A cette époque, la part de marché d’Opel était de 1%. En 2022, Opel et Auto Hall ensemble, ont su augmenter leur part jusqu’à 4,3% sur le marché global. Et sur le marché du particulier, nous sommes classés la cinquième marque. Auto Hall a donc fait un excellent travail en matière de développement de notre présence sur le marché marocain. Nous avons travaillé sur les opportunités des futures croissances. Et je peux vous assurer qu’il y en a beaucoup.
Je suis donc très confiant dans le potentiel non seulement de la marque Opel au Maroc, mais aussi dans le partenariat et les opportunités que nous avons avec Auto Hall.
Au-delà, ce qui m’a particulièrement impressionné, c’est la capacité de notre partenaire marocain à satisfaire les attentes des clients en matière de vente et d’après-vente. Et aussi de proposer aux clients un service complet : des offres de financement, d’assurance, de reprise de l’ancien véhicule, de location, de logistique… Tout cela, Auto Hall le propose parce qu’ils sont très bien intégrés sur l’ensemble des services nécessaires dont le client a besoin. C’est un travail qui a très bien commencé et qui a encore beaucoup de potentiel à l’avenir.
Autonews : Comment évaluez-vous votre intégration au sein du groupe Stellantis ?
F. H. : Opel est aujourd’hui l’une des quatorze marques du groupe Stellantis, et elle est la seule marque allemande au sein de ce groupe. Stellantis propose évidemment énormément d’opportunités pour la marque Opel. Depuis plusieurs années, nous sommes capables de tirer bénéfice d’un certain nombre de synergies sur le développement des voitures. Vous savez que l’industrie automobile connaît de grandes transformations par rapport au passé, en particulier sur le plan de l’électrification, de la conduite autonome, de la gestion des données… Il y a beaucoup de choses qui sont faciles à développer ensemble au sein d’un grand groupe comme Stellantis. Outre cela, nous avons la possibilité de définir et de développer des voitures qui sont parfaitement en ligne et ciblées sur les valeurs de la marque Opel.

Autonews : Opel a annoncé la construction d’une nouvelle usine dédiée à la fabrication de cellules de batterie. Quel serait le nouvel enjeu de cette usine ?
F. H. : Le groupe Stellantis travaille au sein d’une joint-venture qui s’appelle ACC. C’est via cette dernière que nous avons décidé de construire en Europe des Gigafactories, c’est-à-dire des usines qui fabriquent des batteries pour nos véhicules. Une d’entre elles sera construite sur l’ancien site de Kaiserslautern, qui est une usine de composants et de moteurs. C’est un bel exemple de transformation vers le futur de notre appareil industriel, puisque ce qui était une usine de composants deviendra une usine pour les batteries. Cela nous aidera dans ce parcours d’électrification et qui, au passage, va créer des emplois dans cette région en Allemagne.
Autonews : Dans le domaine de l’industrie automobile, en moins d’une décennie, le Maroc s’est imposé comme une plateforme notable. Votre point de vue sur cette performance, et quelles sont les perspectives de production des modèles Opel au Maroc ?
F. H. : La présence de Stellantis au Maroc s’est beaucoup développée ces dernières années. D’un côté avec notre usine de Kénitra qui fabrique un certain nombre de produits pour le marché local, et pas uniquement. Nous venons d’ailleurs d’annoncer un investissement conséquent pour le développement de ce site industriel. D’un autre côté, également en termes d’ingénierie, le centre d’ingénierie Stellantis au Maroc fait partie de l’écosystème global de Stellantis qui est en croissance. L’usine de Kénitra fabrique l’Opel Rock-e, qui est un petit objet d’électromobilité extrêmement intéressant. J’ai visité l’atelier juste hier, et j’ai été très impressionné par toute l’innovation derrière la fabrication de la Rock-e que nous proposons avec énormément de succès, et qui suscite beaucoup d’intérêt auprès de nos clients dans de nombreux pays.

Autonews : La plupart des labels allemands misent sur le slogan «Fabriqué en Allemagne» pour marquer leur supériorité technologique. Du point de vue marketing, cette approche différentielle est-elle indémodable ?
F. H. : Opel est une marque allemande et nous revendiquons ouvertement ses origines germaniques. Nous savons que nos clients partout dans le monde associent un certain nombre de valeurs automobile à une marque allemande. C’est le cas pour la définition du véhicule. Vous vous attendez qu’un véhicule soit capable de rouler à grande vitesse en toute sécurité sur une autoroute, d’être sécurisant également pour prendre les virages. Mais aussi de porter certaines valeurs, comme la qualité des sièges et de la luminosité. Nos clients s’attendent également à une qualité irréprochable et impeccable, notamment en termes de fabrication telle que la qualité des joints, les écarts entre les pièces, l’alignement… Cette qualité est bien sûr espérée et appréciée. Pour une marque allemande, comme nous le sommes, c’est extrêmement important d’être très rassurant et d’être attentif à ces aspects-là, puisque les clients les associent à une marque allemande. C’est donc une chose très importante pour nous, non seulement en termes de qualité mais aussi en termes de définition de nos produits. Oui, je pense que cela évoque un certain nombre d’attentes et c’est notre obligation, notre stratégie que de répondre à ces attentes pour avoir une offre cohérente pour nos clients.