Dossier spécial
Industrie automobile au Maroc
Industrie automobile au Maroc : Un écosystème performant
Depuis une décennie, le Royaume a tracé une feuille de route bien conçue et bien ficelée pour faire de l’industrie automobile l’un des fleurons de l’économie nationale. Aujourd’hui, c’est un secteur performant qui compte parmi les leaders mondiaux et se place déjà entre les meilleurs, avec une capacité de production qui va crescendo et un climat d’affaires des plus prometteurs. Zoom sur une dynamique d’excellence.
Le Royaume est aujourd’hui le numéro 1 en Afrique et occupe la 16ème place au niveau mondial de la fabrication automobile. C’est un bond de géant que l’économie marocaine a réalisé en l’espace d’une décennie, capitalisant sur un plan d’action solide et pragmatique couplé à une vision stratégique à long terme. Une vision émanant de la volonté royale de s’inscrire sur la carte mondiale des constructeurs automobiles, avec la création d’un écosystème national optimal, et des marges d’expansion très grandes. Le tout sous-tendu par une nouvelle stratégie industrielle qui «vient concrétiser en premier lieu les recommandations et les priorités définies par la lettre royale adressée aux participants de la journée nationale de l’industrie tenue en 2023», explique le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour.
Et d’ajouter que «C’est une approche globale avec plusieurs axes clés visant à inscrire notre pays dans une nouvelle ère industrielle portée par la notion de souveraineté. Cette nouvelle stratégie ambitionne de renforcer la compétitivité de la production locale et consolider l’ancrage du Maroc dans les secteurs prometteurs. Elle met également l’accent sur la création d’emplois durables et de qualité pour nos jeunes. Cela implique d’ailleurs la montée en gamme du capital humain à travers un développement accru des compétences managériales, une ouverture sur les nouvelles technologies et des partenariats public-privé renforcés. La stratégie fera aussi de la décarbonation un des axes majeurs du développement du tissu industriel».
Cette stratégie s’appuie également sur l’attractivité du Maroc, pays stable, à l’économie engageante, et des flexibilités administratives compétitives au niveau international. Ce qui explique dans une large mesure l’implantation de grandes usines de production, apportant du même coup des technologies dernier cri, un savoir-faire avéré et une optimisation des ressources, notamment en employant des compétences marocaines. Celles-ci apprennent les rouages du métier et bénéficient de programmes de formation en vue d’occuper les postes clefs de cette industrie de pointe. C’est grâce à toutes ces composantes que le Maroc est aujourd’hui le leader du continent et une plateforme de production automobile à l’échelle internationale. Cette dynamique explique aussi qu’en 2023, le Royaume a produit plus de 700 000 véhicules et ambitionne à l’horizon 2025 de dépasser 1 million de voitures construites dans les différentes usines du pays.
En atteignant 700 000 unités, c’est déjà 20% de plus par rapport à l’année 2022. Le secteur emploie 230 000 personnes et ses exportations ont totalisé 111 milliards de DH l’année passée et devraient atteindre 138 milliards lors de l’exercice actuel, soit une hausse de 20%. «Le secteur de l’industrie automobile s’enrichit de nouvelles usines. Une soixantaine d’unités, à différentes phases de leur construction, seront bientôt en activité et viendront s’ajouter aux 260 usines déjà opérationnelles», affirme le ministre de l’Industrie et du Commerce. Le responsable gouvernemental précise à ce propos que «le pays continue de renforcer sa position en tant que hub régional de l’industrie automobile et s’engage dans la transition vers des véhicules plus écologiques». Dans ce sens, il faut s’arrêter sur un chiffre qui illustre cet élan industriel et commercial, puisque les exportations ont atteint 138 milliards de dirhams, en 2023. Le Maroc table sur un montant de 360 milliards de dirhams (MMDH) à l’horizon 2029. Ce qui explique à plus d’un égard la montée en puissance de l’industrie automobile nationale ces dernières années et constitue, selon le ministre, un «véritable moteur» pour la croissance et la création d’emplois dans le pays.
Dans cette optique, il faut savoir que plusieurs facteurs clés ont contribué à rendre concrets ces résultats qui ouvrent un nouveau chapitre en termes de défis industriels du pays. Le Maroc a su attirer des constructeurs automobiles de renommée internationale, tels que Renault, Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler Automobiles, en leur offrant des conditions d’investissement attractives et un environnement favorable aux affaires. Il a mis en place une stratégie de développement des infrastructures, mais également de ressources humaines en misant sur la formation continue. Et ce, afin que les citoyens prennent en charge tout ce qui se produit dans le pays, du début à la fin de la chaîne de construction automobile. Ce qui marque un grand virage bien négocié par notre pays qui se donne aujourd’hui les moyens d’être le plus compétitif possible sur l’échiquier de la construction automobile mondiale.
«L’industrie automobile marocaine entame une nouvelle ère avec un modèle de voiture du premier constructeur marocain et le prototype d’un véhicule à hydrogène développé par un Marocain. Ces deux projets qui constituent une fierté pour l’écosystème industriel national sont le résultat de 20 ans de travail et de politiques sectorielles convergentes impulsées par la vision et le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste. Aujourd’hui, le secteur automobile c’est 220 000 Marocains employés, plus de 260 équipementiers installés et un taux d’intégration de 65%. Mais c’est surtout un écosystème qui permet de voir émerger des compétences marocaines et de les voir nourrir l’ambition de créer et développer des marques marocaines de voitures - comme Neo et NamX. Concernant Neo Motors, ils sont actuellement en phase de production en présérie de leur premier modèle et le démarrage de la production en série est planifié pour décembre de cette année. Quant à la production de Hydrogen Utility Vehicle de la société NamX, elle est prévue pour fin 2026», précise le ministre.
D’ailleurs, Hydrogen Utility Vehicle de la société NamX est développé par un Marocain. Il offre tous les avantages d’un véhicule Premium normal mais sans pollution. A ce sujet, Faouzi Annajah, président et fondateur de NamX, affirme : «Avec ce nouveau véhicule l’important était d’avoir une voiture familiale, un SUV, un grand 4X4 qui fait 5 m de long, 2 m de large, qui possède tous les avantages d’un véhicule Premium normal mais sans pollution…Nous prévoyons de le produire pour fin 2026». Faouzi Annajah a souligné que le design intérieur est fait par de jeunes talents marocains.
Ce sont là des acquis importants qui servent d’assise mobile pour engager de nouveaux investissements et agrandir le parc industriel dédié à ce secteur clé. Cette transition énergétique du Maroc est le grand défi du futur et lui permet de mettre à contribution ses ressources en énergies renouvelables. Dans ce sens, le Maroc veut atteindre 52% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030. Cet objectif réalisable s’appuie sur un potentiel naturel en matière d’énergie solaire, éolienne et hydroélectrique. A cet effet, il faut prendre en compte que le Maroc abrite déjà l’un des plus grands complexes solaires au monde, Noor Ouarzazate, et le parc éolien de Taza, l’un des plus importants en Afrique. Il s’apprête également à lancer de nouveaux projets d’envergure dans le domaine des énergies renouvelables, tels que le complexe Noor Midelt et le parc éolien de Tarfaya.
«Nous sommes entièrement mobilisés pour réussir le défi de l’industrialisation, du développement et de la croissance à long terme de tout projet novateur et créateur de valeur pour notre pays. Que ce soit à travers la banque de projet industriel, la task force souveraineté ou tout autre programme adapté aux besoins des investisseurs, nous nous efforçons d’orienter et d’accompagner les investisseurs dans leurs démarches dès le démarrage et cela a d’ailleurs été le cas pour ces deux projets de voitures. Cela dit, il y a effectivement plusieurs mesures à mettre en place. Il s’agit d’investir davantage dans le développement des infrastructures nécessaires pour faciliter la production et la distribution des deux voitures. De plus, il est aussi question de développer les compétences requises en collaborant avec les différents acteurs du dispositif de la formation au Maroc, de promouvoir ces projets sur la scène internationale et de favoriser les partenariats avec des acteurs clés de l’industrie automobile», insiste le ministre de tutelle.
Cette dynamique a porté le rêve marocain de créer sa propre voiture nationale, avec une conception et une création 100% marocaine. C’est le cas avec NEO Maroc, par exemple, qui concrétise aujourd’hui l’efficacité de l’écosystème industriel marocain. «C’est le fruit de l’excellence et de l’innovation qui existent aujourd’hui au Maroc, grâce à la vision éclairée de S.M. le Roi et à l’écosystème dont dispose désormais le Royaume, avec plus de 250 entreprises, Instituts de formation et de recherche», affirme Nassim Belkhayat, président-Directeur général de la Société Neo Motors. Il ajoute, à juste titre, que «C’est une voiture marocaine dotée d’un moteur PSA, fabriqué au Maroc, et 60% des pièces du véhicule sont fabriquées dans le Royaume». Cette expertise nationale sert déjà de base pour entamer un autre chapitre dans l’avancée de l’industrie automobile marocaine. Il s’agit de capitaliser sur le développement du Maroc dans les secteurs de l’automobile et des énergies renouvelables pour servir de modèle de réussite pour l’ensemble du continent africain. Cela permet au Royaume de consolider sa position de hub continental en exportant des véhicules sur le marché africain et de construire également pour ce grand marché, qui se développe à vue d’œil et dans lequel, Rabat est un acteur majeur. Sans oublier que dans cette perspective, déjà lancée depuis quelques années, le Maroc attire des investissements étrangers conséquents et crée des emplois grâce à ses projets en étant un acteur important dans l’industrie automobile et un leader dans le domaine des énergies renouvelables en Afrique. Cette expérience et ce savoir-faire peuvent servir de tremplin pour les autres pays du continent qui aspirent à un développement économique durable, dans une philosophie économique régionale.
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