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Marché de l’occasion : Le dessous des cartes

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Entre bonnes affaires, attractivité des prix, disponibilité des pièces de rechange, rapport qualité-prix, le marché des voitures d’occasion a de beaux jours devant lui dans une conjoncture très particulière marquée par la crise et les prix des hydrocarbures.

Si le secteur automobile marocain se développe à une vitesse importante, avec des unités de fabrication locales et une productivité en constante évolution, avec également des véhicules portant le label Made in Morocco, le marché des voitures d’occasion suit la même courbe ascendante avec de nouveaux réflexes d’achat et une réglementation de plus en plus pointue, mettant sur le marché des voitures de qualité à des prix corrects. Une tendance qui a pris de l’ampleur avec la pandémie du Covid-19, et qui s’est installée dans la durée pour des raisons évidentes : faible capacité d’achat du neuf et une meilleure offre pour les acheteurs. Ce qui donne corps à une véritable filière parallèle qui a aujourd’hui le vent en poupe.

Structuration en marche

Si les spécialistes expliquent cet engouement des Marocains pour les voitures d’occasion par la guerre en Ukraine et ses conséquences sur le transport, le fret, la crise énergétique et un ralentissement en termes de productions et d’exportations, il n’en demeure pas moins vrai que l’attrait de l’occasion fait partie de la culture marocaine à telle enseigne que le mot occasion fait partie du dialecte national et des mœurs marocaines, devenu un terme générique pour désigner une bonne affaire. Ce qui est aujourd’hui le cas quand on se penche sur le marché des voitures d’occasion qui s’est structuré différemment en abandonnant une forme d’anarchie qu’on lui connaissait. Il s’agissait des souks de vente improvisés dans certains terrains vagues de certaines zones et régions du pays comme cela a été le cas dans certains quartiers de Casablanca avec le marché de Sidi Bernoussi où celui de Sbata, où l’on liquidait les affaires courantes, sur place, avec une poignée de mains et du liquide dans un sac en plastique.

Aujourd’hui, ce sont des magasins flambant neufs qui ouvrent, pignon sur rue, avec des spécialisations puisqu’une bonne frange se concentre sur le segment luxe pour recycler des marques comme Mercedes, BMW, Audi, Porsche, Mercedes, Maserati, Jaguar, Bentley… en berline, en 4×4 et autres bolides. C’est là un marché juteux, ce qui explique l’apparition de nombreuses enseignes un peu partout dans les grandes villes du Maroc, à l’instar de Casablanca qui en compte le plus grand nombre, mais aussi Rabat, Marrakech, Tanger et Fès. Cela traduit aussi un état d’esprit du consommateur marocain de plus en plus attiré par les voitures de luxe. Ce qui explique aussi une tendance commerciale qui fait que le volet premium a bien progressé au Maroc, conformément à la tendance mondiale.

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Tendance haussière

Cette tendance en constante augmentation fait dire à Ali Benbrahim, spécialisé dans le luxe d’occasion que : «c’est la même dynamique que pour le neuf. Les voitures de luxe changent très vite de mains. Souvent, il suffit de quelques mois pour que les propriétaires changent de voitures ou de marques. La mode veut que certains amateurs veulent essayer plusieurs modèles et se faire plaisir. Alors, on hérite de plusieurs bagnoles presque neuves que l’on revend à d’autres amateurs avec de larges réductions importantes. Cela peut aller de 100 000 à 300 000 dirhams. Ce qui est un bon argument de vente pour nous. Et c’est tant mieux. Parfois, nous faisons aussi des reprises, toujours dans le premium. On échange une Mazerati pour une Bentley ou une Cadillac pour une Porsche avec une bonne plus-value pour l’enseigne et pour nos clients dont certains sont aujourd’hui des partenaires pour qui nous travaillons pour les aider à changer de voiture allant toujours plus haut dans le plus sélect». On pourrait facilement penser que c’est là un phénomène de mode qui va s’essouffler, mais on se trompe. Ce marché de l’occasion de luxe est en extension et séduit de plus en plus de Marocains qui ont ainsi accès à des modèles et des marques à des prix plus accessibles : «Je constate que de plus en plus de Marocains se tournent vers l’occasion pour deux raisons : primo, les prix de plus en plus adaptés pour de nombreux modèles qui vont de la Dacia au Range Rover. Deuxio, il y a de l’offre, et la demande répond à cela. La preuve, regardez sur deux boulevards de Casa à 500 mètres d’intervalle, vous trouvez quatre concessionnaires pour l’occasion. Et ça marche», précise Nabil L’mseffer, gérant d’un garage sur l’avenue Roudani.

Pour ce spécialiste, les prix varient de 70 000 à 1 million de dirham, selon la marque et le modèle. Le seul impératif, c’est «d’avoir un véhicule en très bon état, avec un kilométrage réduit et bien entretenu».

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Marché florissant

Ceci pour le premium. En ce qui concerne les autres segments du marché de l’occasion, les magasins fleurissent partout, dans tous les quartiers à des prix attrayants avec une année 2023 qui confirme la tendance puisque selon plusieurs sites qui proposent de bonnes occasions sur le Net s’appuyant sur des études de marché, presque la moitié des automobilistes auraient l’intention de changer de voiture, en optant pour une occasion. Une tendance qui vient confirmer les données de l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA). Celle-ci nous apprend que 677 222 véhicules ont changé de propriétaire en 2022, contre 571 123 en 2019. Ce qui constitue une augmentation de 18%. Pendant ce temps, le nombre de voitures d’occasion importées a accusé une baisse de 15% (11 486 véhicules) sur la même période. Ce qui montre la bonne santé du marché local de l’occasion, fort d’une offre de plus en plus diversifiée, touchant tous les segments, avec des prix plus compétitifs adaptés à la crise et la loi de l’offre et de la demande : «le client marocain n’est plus attiré par la voiture d’occasion qui vient de l’étranger. Il a aujourd’hui accès à presque tous les modèles et à toutes les marques ici au Maroc. Ça revient moins cher puisque les frais de douanes sautent quand on achète local et la qualité est garantie», explique

Mohamed Makhloufi, propriétaire d’un garage réputé à Tanger. Il ajoute qu’aujourd’hui, rares sont les clients qui se risquent encore à acquérir des voitures importées ou proposées par des personnes les ayant achetées en France ou en Espagne pour les revendre au Maroc. Il suffit de commander son modèle et sa marque localement et le vendeur se charge de vous trouver le véhicule de votre choix aux meilleures conditions.

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Attractivité des segments et des marques

Dans ce segment de l’occasion à l’usage de tous, le marché obéit à des modes et des fluctuations certes, mais les standards restent presque inchangés. En 2023, les préférences sont claires : D’abord, les berlines, qui sont suivies des C-SUV et des fourgons, des B-SUV et des moyennes compactes. En ce qui concerne les marques qui seront les plus sollicitées cette année par les Marocains, il y a en tête de liste des marques comme Citroën, Ford et Volkswagen. Elles sont suivies par BMW, Dacia, Hyundai Peugeot, lesquelles sont talonnées de près par Honda, Renault et Toyota. Quand nous soumettons ces tendances à un spécialiste de l’occasion, les réponses versent toutes dans la même direction : ces marquent reflètent l’esprit marocain. D’un côté, ce sont des standards habituels. De l’autre, l’attractivité du rapport qualité-prix est garantie. C’est d’ailleurs cet ensemble de marques qui constitue le plus gros parc automobile marocain. Avec cette nouveauté que de plus en plus de Marocains veulent acheter du 100/100 marocains : «la Dacia et la 308 sont très demandées aujourd’hui et passent de main en main plus facilement», précise un vendeur de Hay Hassani.

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Attentisme et hésitation

Cette dynamique s’inscrit aussi dans une conjoncture économique spécifique marquée par l’attentisme et l’hésitation, mais elle s’adapte aux impératifs du marché et de ses fluctuations surtout que les prix sont l’unique baromètre quand il s’agit de s’acheter une voiture d’occasion pour une fourchette de prix qui oscille entre les 50 000 et les 200 000. Et ce, sachant que les prix du neuf pour les modèles les plus standards varient d’environ 100 000 à 400 000 dirhams avec un prix moyen du véhicule estimé à 300 000 dhs.

Solutions de financement adaptées

Le tout est évidemment facilité par la grande offre en termes de crédit à la consommation, qui a permis à de nombreuses personnes de s’offrir un véhicule surtout pour des raisons de travail. Ce qui explique aussi que les Dacia, les Peugeot et les Citroën sont les plus prisées et les plus vendues depuis plus de 10 ans au Maroc. Dans ce sens, de nombreux jeunes se sont rabattus sur ces marques moyennant un petit crédit et lançant un petit projet, comme c’est le cas pour des utilitaires transformés en voitures de lavage automobile ambulantes ou en café ambulant. Cela découle aussi d’une préoccupation logique pour les acquéreurs qui s’appuient sur des critères basiques et rationnels pour l’achat de leurs voitures : d’abord la disponibilité des pièces de rechange, ensuite le rapport qualité/prix, la fiabilité, la sécurité, la performance, enfin la consommation du carburant. Ce dernier point est devenu crucial au moins depuis 2021, avec l’augmentation des prix des hydrocarbures, conséquence directe de la crise énergétique et de la guerre en Ukraine qui a forcé plusieurs Marocains à privilégier des voitures moins gourmandes.

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Fluctuation des prix du neuf et de l’occasion

Contrairement au marché de l’automobile neuve qui a accusé une baisse de 8% en 2022, celui de l’occasion a enregistré une hausse de 2%. 677 222 mutations ont été concrétisées, contre 662 031 en 2021. Dans le détail, les statistiques de la Narsa montrent que le nombre de véhicules d’occasion particuliers a atteint 471 571 unités, contre 466 216 en 2021, soit une hausse de 1,13%. Celui de l’utilitaire a atteint 153 248 et les motos 52 403 véhicules. Le segment des véhicules particuliers (VP) représente 71,23% de parts de marché, le VUL 23,15% et les motos 7,91%. Une embellie qui continue sur sa lancée malgré quelques tendances haussières, de courte durée, qui ont vu les prix entre le neuf et la bonne occasion se rapprocher. Cela fait dire à plusieurs spécialistes que face à une hausse de la demande confrontée à la crise des importations, de nombreuses personnes ont jeté leur dévolu sur l’occasion, vendue au prix fort dans une surenchère dictée par la crise. Cette hausse a fluctué dans le meilleur des cas entre 5% et 15% pour des marques premium. Et ce, avec toutes les difficultés liées à la recherche de motorisations essence étant donné que le marché de l’occasion au Maroc a toujours été dominé par le diesel qui constitue 90% des affaires conclues.

Les concessionnaires du neuf, eux aussi, ont trouvé dans l’occasion un bon filon à fructifier puisque des enseignes comme Auto Hall, Renault, Sopriam ou BMW ont mis en place une offre d’occasion certifiée, qui répond aux attentes d’une clientèle de plus en plus grande qui se tourne vers le marché de l’occasion formel pour plus de garanties.

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Le particulier à particulier fait de la résistance

Il faut souligner que le marché informel fonctionne encore avec des transactions de bouche à oreille. Les intermédiaires travaillent avec un carnet d’adresse constamment recyclé, comme c’est le cas d’Ibrahim J. qui officie dans ce domaine depuis dix ans et affirme toujours s’en sortir : «C’est vrai que les maisons de vente proposent elles aussi des voitures d’occasion, il y a aussi les garages que l’on voit de plus en plus, mais la vente de particulier à particulier marche toujours. Depuis dix ans, les affaires marchent mieux qu’avant, surtout ces dernières années où les personnes s’arrangent entre elles surtout dans les milieux populaires où plusieurs d’entre elles ont voulu vendre leurs voitures pour des raisons personnelles alors que d’autres ont profité de cette situation pour acheter au prix le plus bas. Pendant le confinement, j’ai vendu des Volkswagen presque neuves à moitié prix. C’est une occasion en or, et des occasions comme celles-ci existent toujours». En effet, la crise aidant, plusieurs Marocains ont dû se séparer de leurs véhicules, et ce pour plusieurs raisons. D’abord le chômage forcé pour certains. Ensuite, les prix des hydrocarbures pour les autres. Dans les deux cas de figure, d’autres Marocains ont trouvé là une occasion pour s’offrir des voitures bonne occasion à des prix qui défient toute concurrence. C’est dire que l’informel reste ancré dans les habitudes et les pratiques des Marocains, qui souvent réfléchissent en termes de «Hmiza» et du bon filon.  

Les astuces à suivre

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Lorsque l’on souhaite remplacer sa voiture, le simple plaisir de «changer» vient parfois occulter certains critères de choix fondamentaux. Et l’euphorie du départ risque de laisser place à la déception au bout de quelques semaines d’utilisation. Une voiture qui ne correspond pas à ses besoins, des documents manquants ou encore un entretien coûteux peuvent rapidement venir «gâcher la fête». Voici quelques conseils pour réussir son achat en occasion.

1 – Définir son budget

La question du budget doit impérativement être abordée avant l’achat d’un véhicule d’occasion pour éviter toute dérive. Une voiture consomme du carburant (plus ou moins selon le modèle), nécessite un entretien parfois onéreux, et doit être couverte par une assurance. Tous ces critères représentent un budget qui peut être assez conséquent si l’on cède facilement à la tentation devant la «voiture de ses rêves».

La raison doit l’emporter et mieux vaut opter pour un véhicule qui ne ruinera pas son budget, notamment si l’on est en ménage et que l’on a déjà des enfants (ou à venir), sous peine de devoir le revendre rapidement.

2 – Comment choisir son modèle ?

Choisir le bon modèle c’est choisir celui qui correspond à ses besoins, à son budget, à ses charges familiales. Acheter une voiture d’occasion sur un «coup de tête» n’est pas vraiment la meilleure solution, même si la tentation est parfois forte. Les «petits rouleurs» auront plus intérêt à opter pour un modèle essence plutôt que diesel du fait d’un coût plus élevé à l’achat et en entretien.

Une berline compacte risque d’être un peu juste pour une famille avec enfants, tandis qu’un gros SUV n’est pas forcément le meilleur choix pour un célibataire. Bref, ne «craquez» pas sur le premier modèle venu, réfléchissez, et définissez votre budget sans oublier d’intégrer les coûts d’utilisation. Privilégiez la raison pour profiter au maximum de votre achat.

3 – Dois-je opter pour un vendeur particulier ou un professionnel ?

La question est pertinente, car les deux solutions présentent des avantages et des inconvénients. Le professionnel révise ses voitures avant de les vendre et propose généralement une garantie. Mais la volonté d’atteindre certains objectifs peut parfois l’inciter à proposer un véhicule qui ne correspond pas forcément à vos besoins.

La plupart du temps, les particuliers proposent des véhicules à un tarif inférieur, mais il n’y a pas de garantie et les arnaques ne sont pas exclues. L’état d’entretien doit être vérifié (carnet d’entretien ou factures) impérativement. En termes de prix, il est généralement possible de négocier avec un particulier, notamment pour les véhicules difficiles à revendre.

4 – Quelles questions dois-je poser au vendeur lors de l’achat d’une voiture d’occasion ?

Plus vous poserez de questions, et plus vous en saurez sur le propriétaire ainsi que sur le véhicule qu’il propose. Un vendeur évitant certains sujets a peut-être quelque chose à se reprocher. Posez donc un maximum de questions sur l’origine, l’entretien, le nombre de propriétaires, le remplacement de certaines pièces comme la courroie de distribution (budget conséquent), ou encore la raison de la vente. Un maximum d’informations permettra de motiver ou non votre achat.

5 – Quels sont les points à vérifier ?

Avant d’acheter une voiture d’occasion, il faut l’inspecter extérieurement et procéder impérativement à un essai.

À l’extérieur

Inspectez visuellement la carrosserie, vérifiez l’état de la peinture (différences de teinte), les assemblages (véhicule accidenté), l’état des vitrages et des optiques. N’oubliez pas de contrôler l’état des pneumatiques et assurez-vous qu’ils sont identiques sur chaque essieu.

Au volant

L’état général de l’habitacle donnera une première impression. Inspectez l’état de la sellerie (taches, déchirures), l’usure du volant et des pédales (une usure importante indique souvent un kilométrage élevé). Testez le fonctionnement des éléments de confort (autoradio, climatisation, vitres électriques, etc.).

Changement de propriété d’un véhicule au Maroc

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Quelle que soit l’option que vous avez choisie pour acheter votre véhicule d’occasion, la démarche de transfert de propriété reste la même.

Le service chargé de recevoir votre demande est le Centre d’immatriculation du lieu de résidence du propriétaire du véhicule.

Le délai entre le dépôt et la réception définitive de la carte grise dépend de la charge de travail du Centre d’immatriculation, mais il est estimé à 2 mois maximum.

Les pièces justificatives demandées sont :

Formulaire (carton gris) suivant le mode d’achat (comptant ou à crédit), contenant la déclaration du propriétaire du véhicule;

Les droits d’immatriculation (qui dépendent de la puissance fiscale du véhicule);

La signature légalisée du vendeur et de l’acheteur;

Le certificat de la visite technique de mutation;

La carte grise au nom du vendeur;

La mainlevée de l’organisme de financement si la carte grise est barrée;

Le contrat de vente à crédit légalisé, si le véhicule est acquis à crédit;

Le registre de commerce du vendeur, si ce dernier est un professionnel.

Quels sont les éléments que le vendeur devrait me remettre lors de la vente ? 

Bon de commande et contrat de vente, si c’est un professionnel;

Copie de la facture, si c’est un professionnel;

Récépissé des visites techniques, si c’est un véhicule > 5 ans;

Carnet d’entretien et factures, si disponibles;

2ème clé du véhicule;

Vignette de l’exercice en cours.

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