Le marché des véhicules d’occasion n’a pas fléchi en 2022 et ce, en dépit d’une conjoncture morose. Une radioscopie des chiffres montre que les SUV, les citadines et les ludospaces sont les plus demandés. Les marques historiques restent favorisées. On note aussi que les réseaux des marques s’intéressent de plus en plus à l’activité.
Contrairement au marché de l’automobile neuve qui a accusé une baisse de 8% en 2022, celui de l’occasion a enregistré une hausse de 2%. En effet, 677 222 mutations ont été concrétisées, contre 662 031 en 2021.
Dans le détail, les statistiques de la Narsa montrent que le nombre de véhicules particuliers a atteint 471 571 unités, contre 466 216 en 2021, soit une hausse de 1,13%. Celui de l’utilitaire a atteint 153 248 et les motos 52 403 véhicules. Le segment des véhicules particuliers (VP) représente 71,23% de parts de marché, le VU 23,15% et les motos 7,91%.

Excepté 2019 et 2020 qui ont coïncidé avec la pandémie, le marché du VO s’est inscrit dans un trend haussier. Au cours des deux dernières années, il a enregistré respectivement 571 123, et 429 856 unités vendues. Pour les autres années, il a atteint 590 310 en 2018, 547 073 en 2017, et 560 112 en 2016.
Face à des problèmes d’approvisionnement de véhicules neufs dus à différentes problématiques comme la crise des semi-conducteurs et la perturbation de la chaîne de valeur, les acquéreurs ont opté pour l’occasion. Les acheteurs n’ont pas besoin de délai de réservation et les prix sont compétitifs. On remarque aussi qu’il n’y a pas eu de changement au niveau de la typologie du marché. Les SUV, les citadines et les ludospaces ont toujours le vent en poupe mais les marques historiques (Dacia Renault, Peugeot, Hyundai, Citroën, Volkswagen) raflent la mise. Pour sa part, la motorisation diesel demeure la plus sollicitée avec une part de marché de plus de 81%.
Au niveau des prix, les informations relayées par les sites spécialisés, les garagistes et les intermédiaires confirment une hausse comprise en moyenne entre 10 et 15%, et ce à cause du recul du marché du neuf qui a réduit l’approvisionnement en véhicules et aussi de la réticence des automobilistes pour renouveler leur automobile.

Dominance de l’informel
Toutefois, force est de constater que le marché est toujours fortement dominé par l’informel. Les importateurs et les distributeurs qui ont investi ce créneau, n’arrivent pas à émerger comme cela se fait en Europe où le VO peut atteindre 20 à 25% du chiffre d’affaires d’un groupe automobile. Le groupe Renault Maroc, par exemple, qui affiche plus de 40,4% de parts de marché dans les ventes du neuf en 2022 avec 65 287 livraisons, sa filiale dédiée au VO n’a écoulé que 900 unités.
«Les réseaux des marques sont très peu présents dans le marché VO. Ce business n’est pas investi par nos concessionnaires. C’est un projet sur lequel nous travaillons depuis plusieurs années pour libérer les énergies et lever les freins qui pèsent sur ce créneau. En volume, le VO représente plus de 3 fois celui du neuf. Du coup, l’activité affiche des perspectives d’avenir prometteuses», souligne Fabrice Crevola, Directeur général de Renault Commerce Maroc.
«Les valeurs résiduelles, les cotes à la revente et la durée de vie des véhicules restent très élevées au Maroc. A travers de nombreuses mutations, une voiture a plusieurs vies, ce n’est pas comme en Europe. Nous voulons simplifier et organiser le circuit. Il existe tout un dispositif réglementaire et des procédures administratives qui compliquent le travail des opérateurs notamment la problématique de la double mutation. Il faut donc adapter et simplifier ce dispositif. Il est question aussi de prendre en considération d’autres paramètres qui rendent ce business encore difficile. Nous travaillons en partenariat avec les professionnels du secteur et la Narsa. Des avancées ont été concrétisées et d’autres sont dans le pipe. Encore faut-il travailler au niveau interne pour développer le réseau, l’approche client et la communication», indique Fabrice Crevola, Directeur général de Renault Commerce Maroc.
Les importations font un bond de 45%
A cause des problèmes d’approvisionnement du marché du neuf, les importations de véhicules d’occasion sont montées en flèche. Leur volume a culminé à 11 486 unités, contre 7 857 véhicules une année auparavant, réalisant un bond de 45%. Une performance qui s’explique essentiellement par les importations de VO par les MRE âgés de 60 ans et plus, et qui bénéficient d’un abattement sur les droits de douane. Le nombre de voitures importées par cette catégorie de personnes se chiffre à 7 570 unités, soit près de 66% du volume total du VO importé.
En 2020, ce marché a nettement fléchi avec un volume de 5 900 unités seulement, accusant un recul historique de 15%. Cela s’explique essentiellement par la pandémie qui a réduit drastiquement les déplacements de et vers le Maroc. A titre de comparaison, les années précédentes, les importations se sont établies respectivement à 13 490 en 2019, 12 640 en 2018 et 13 321 en 2017.