L’évolution favorable du secteur automobile ne s’est pas traduite par une diminution de la sinistralité. C’est l’un des challenges majeurs que les autorités, en partenariat avec les professionnels du secteur, veulent relever. La révision de la stratégie nationale à ce niveau est nécessaire.
Les chiffres révélés dernièrement par l’Agence nationale de la sécurité routière (Narsa) font froid au dos. Chaque année, les accidents de la circulation font environ 3 500 morts et plus de 10 000 blessés graves. Ces sinistres ont un coût économique et social élevé estimé à 1,7% du PIB, ce qui équivaut à 19,5 milliards de DH par an. Malgré la tendance à la baisse des décès, les résultats enregistrés s’écartent de l’objectif moyen de la stratégie nationale de sécurité routière, qui visait à réduire le taux de mortalité de 25% à horizon 2021.
Un effort colossal doit être fourni auprès des usagers de la route à travers des campagnes de communication et de sensibilisation. D’après les données dévoilées par la Narsa, l’insécurité routière est un phénomène comportemental par excellence, puisque ce dernier représente plus de 80% des causes d’accidents de la circulation. Les sinistres routiers sont devenus un phénomène étroitement lié au domaine urbain (le taux de mortalité est passé ces dix dernières années de 33% à 43%). 43% des infractions recensées par l’ensemble des instances de contrôle sont liées au non-respect de la vitesse légale. 48,5% des conducteurs admettent utiliser un téléphone portable au volant. Le pourcentage d’utilisation de la ceinture de sécurité à l’arrière des voitures ne dépasse pas 36% hors agglomération. 29% des utilisateurs de motos ne respectent pas les feux tricolores. L’utilisation d’un casque de protection ne dépasse pas 58%. On estime que plus de 10.000 vies humaines ont été sauvées grâce à la mise en œuvre des stratégies nationales de sécurité routière depuis 2004.
Outre le comportement humain, la sinistralité est favorisée au Maroc par la vétusté du parc automobile. Plus de 50% des voitures immatriculées ont une moyenne d’âge dépassant 10 ans. Ce qui augmente le risque des accidents de la circulation.
Un parc auto et un marché de l’assurance en hausse, le taux de sinistralité augmente aussi. Pour les compagnies, c’est un véritable casse-tête. L’évolution importante du parc automobile a eu pour conséquence d’augmenter la masse assurable et donc de permettre une croissance du marché.

Un bonus-malus à revoir
Cependant, il faut noter l’augmentation du coût des réparations, d’une part, parce que les véhicules récents sont de plus en plus raffinés et, d’autre part, à cause d’un changement dans le comportement des assurés qui optent pour le remplacement des pièces endommagées que de les faire réparer.
Pour encourager les bons conducteurs et pénaliser les mauvais, les assureurs ont créé le système bonus-malus. Selon le type d’assuré et son comportement routier, la prime est soit majorée soit minorée mais la portée du système appliqué au Maroc est limitée et ne peut avoir d’effet incitatifs ou dissuasifs majeurs..
Le système actuel appliqué au Maroc a montré ses limites et il est temps de le réformer pour lutter efficacement contre la sinistralité. Il doit être progressif pour prendre en considération le degré de risque de chaque conducteur. Comme il est pertinent de privilégier aussi l’aspect écologique.
Rappelons que les sinistres sont déclarés dans un système partagé par toutes les compagnies et supervisé par l’ACAPS. Un assuré ne peut échapper au malus en essuyant de souscrire chez un autre assureur. Il faut noter que ces derniers disposent d’outils pour évaluer la gravité des dégâts et décider d’un coefficient.
Toutefois, certains éléments échappent au système. Par exemple, un chauffeur qui a à son actif plusieurs sinistres, est différent de celui qui n’en a jamais eu. La prime doit être en fonction du nombre d’incidents et il faut également prendre en considération leur gravité. Un accident provoqué sous l’effet de l’alcool ou de l’excès de vitesse doit être sévèrement sanctionné et la prime plafonnée au maximum.
Comportement routier
A cet égard, la plateforme du secteur des assurances doit regrouper toutes les informations nécessaires qui peuvent être recueillies aussi bien par la gendarmerie, la DGSN, le ministère de la Justice et le département du Transport. Ces données doivent être enregistrées au niveau de la carte à puce du permis et les agents verbalisateurs doivent être en possession des outils nécessaires pour y avoir accès et procéder au contrôle.
Le Maroc doit s’inspirer de certains pays européens qui ont lancé un nouveau système qui privilégie un renforcement progressif du malus et une dégressivité du bonus. Certains assurés peuvent prétendre à une prime de moins de 80 à 90% de sa valeur s’ils comptabilisent des années sans provoquer d’accident. Et inverssement pour les chauffards.